Maroc - Derrière la façade...
            
            Montréal - 05/02/2012 -MCE- Je vais vous 
            la raconter comme une blague... Quoique je n’avais pas du tout envie 
            de rire ce 31 janvier 2012 !
            
            J’étais au Maroc. Et je venais tout 
            juste d’arriver à Rabat, la Capitale du Royaume, en provenance de 
            Fquih Ben Salah où s’est tenu un Forum international sur 
            l’immigration, du 27 au 29 janvier dernier. 
            
            Et ce n’est pas une blague ! Car 
            j’entends d’ici les moqueries des «Caroubes de mon bled» !. 
            «Un forum à Béni Amir ? Ha ha ha ! Ils ne font donc plus dans les 
            voitures… Genre celle de Franz Anton Beckenbauer ?» 
            
            Honnis soient ceux et celles qui ne 
            pensent qu’à arroser les Préjugés du fiel de leur mépris et de leur 
            arrogance ! Mépris et arrogance qui n’ont pas pu empêcher des 
            intellectuels et des cadres issus de la région de créer une 
            association du nom de « Forum de Béni Amir» et qui est déjà à sa 
            seconde rencontre internationale (réussie) sur l’immigration ! 
            
            Une initiative, somme toute, qui 
            pourrait inspirer d’autres bonnes volontés originaires d’ailleurs en 
            vue de souligner la spécificité de leur propre région d’origine et 
            de catalyser son développement. Pour ceux et celles intéressés par 
            le sujet, prière de consulter les 
            pages 16 et 17 de 
            cette édition qui sont consacrées à cette manifestation..
            
            Revenons donc à ce 31 janvier qui a 
            assombri ce court séjour au pays; Séjour qui avait pourtant si bien 
            démarré dans la région de Tadla-Azilal !
            
            Comme j’ai besoin d’une attestation de 
            pension de l’année 2011 pour ma déclaration d’impôt au Canada, j’ai 
            voulu profiter de mon court passage à Rabat pour la retirer de chez 
            la Caisse marocaine des retraites (CMR): L’année dernière cet 
            exploit ne m’avait demandé qu’une petite heure d’attente agrémentée 
            d’une (petite) altercation, de rien du tout, avec le commis de 
            service qui a voulu faire passer devant moi un de ses copains. 
            
            Un petit problème cette année quand même 
            : Tous les services de la Caisse marocaine des retraites (CMR) ont 
            déménagé du centre ville vers des cieux plus cléments , du côté de 
            Hay Riad.. Mais qu’importe ! Il paraît que les nouveaux locaux n’ont 
            rien à envier à ceux européens et même nord-américains; côté 
            équipement pour faire plus vite que tout de suite !
            
            SEULS LES FAUCHÉS COMPTENT (LEURS 
            PETITS SOUS)
            Je prends donc un taxi qui ne va me coûter (aller-retour) que le 
            soixantième (une 1/2 journée) du montant de ma grande pension 
            maigrichonne ! Mais au diable ! Un adage bien de chez nous dit que: 
            «Ne compte que celui qui est ruiné». Je vais donc faire comme 
            tous les fauchés du pays : Ne pas compter pour ne pas paraître 
            ruiné. «Un bout de fierté vous fera vivre, nous a-t-on enseigné 
            pour mieux plomber le cerveau et laisser les mieux nantis 
            tranquilles» (Tarf men Ennafkha i’ayyach» 
            
            Donc, vivotons !
            
            Et c’est donc avec toute ma fierté que 
            je débarque devant le nouveau building du CMR. Et ma fierté augmente 
            d’un cran quand j’ai vu pourquoi ma pension n’a pas augmenté d’un 
            cent depuis des lustres... Même pas du taux de l’inflation : On a 
            bien investi l’argent des retraités : Un immeuble rutilant et… 
            tellement sécuritaire : la dernière fois que j’ai vu autant de 
            mesures de sécurité fut quand j’étais stagiaire à la Defence 
            Mapping Agency (DMA), à Washington DC.  Mais la DMA avait 
            des cartes de combat Top Secret, du monde entier, à cacher !
            
            
            Qu’a donc la CMR de similaire à cacher ? 
            Le montant de ma pension maigrichonne est-il devenu « secret 
            d’état » depuis que j’ai quitté le pays ?
            
            Je prends la file et eu tout le loisir 
            d’admirer les agents de sécurité interroger les visiteurs sur leur 
            objet de visite, leur échanger leur carte d’identité nationale 
            contre un badge que les visiteurs font passer devant un lecteur 
            (laser ou magnétique ?) pour faire tourner le tourniquet qui leur 
            permet enfin d’entrer dans cette caverne d’Ali Baba.
            
            «Que veux-tu ?» me demande-t-on sur un 
            ton martial ! Côté voix, J’ai entendu plus aimable chez le pire des
            bad cops bien de chez nous.
            - Oh Juste une attestation de pension !
            - C’est pas ici ! L’autre porte de l,immeuble !
            - Quelle porte ? 
            
            Un samaritain se presse de m’expliquer 
            où… sans doute, de peur que je ne m’éternise à poser des questions 
            stupides qui risquent… de fâcher M. Schwarzi-Haggar !.
            
            En franchissant l’autre porte, je me 
            trouve carrément dans un souk: Au moins 300 personnes sont là à 
            attendre.!
            
            J’explique à un Monsieur, à la réception 
            , ce que je veux. Il me dirige vers un autre Monsieur dont la 
            fonction est d’appuyer sur les boutons d’une distributrice de 
            tickets; corvée dont les clients pourraient s’acquitter eux-mêmes, 
            comme partout ailleurs dans le monde. Mais il doit avoir ses 
            raisons: Comme de mettre en relief le préjugé qui veut que les 
            marocains sont presque tous des analphabètes.
            
            Je ré - explique ce que je veux : Une 
            attestation de pension, pour l’année pour l'année 2011, et reçois un 
            ticket n° B167, avec date, heure et nombre de personnes qui 
            attendent avant moi : Une trentaine. 
            
            J’attends donc.. Pas beaucoup. Mon tour 
            arrive et je m’assoie devant la Madame . Nouvelle explication.
            
            
            - Ce n’est pas ici Monsieur ! Ici on ne 
            donne que les certificats pour 2012. 
            - Mais j’ai pourtant expliqué...!
            - C’est pas ici, te dis-je ! Retourne à la réception et inscris-toi. 
            Ton certificat sera traité au 2ieme étage et tu dois revenir le 
            récupérer dans 2 heures. 
            
            Par réflexe, je demande l’attestation 
            2012 que j’obtins sur le champs. Puis je retourne à la réception qui 
            me redirige vers « Monsieur presse-bouton » à qui je ré explique ce 
            que je veux. Sans me regarder , il me redonne un autre ticket : A 
            301… Avec une centaine de personnes devant moi.
            
            Croyez-le ou non: Quand mon tour arrive, 
            on me fait savoir que ce n’est pas le bon guichet et qu’il faut 
            retourner s’inscrire à la réception. !
            Je retourne à la réception et explique… explique ! Et j’ai fini par 
            éclater !
            
            - Carte d’identité !
            
            Je n’avais que mon passeport (canadien).
            
            - Tu viens comparer le Maroc au Canada ! Reviens demain !
            J’ai préféré revenir à Montréal avec mon attestation de 2012. Je 
            préfère tenter ma chance avec le fisc d’ici. Il finiront par 
            comprendre que ma pension est figée et que toutes les attestations 
            se valent depuis bien des années !
            
            Abderrahman El Fouladi.