Numéro 6   Volume 3 (3ième année)  Juin 2005, Page 4

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À la recherche d’un emploi au Canada

Chercher un emploi au Canada est un travail à temps plein! C’est ce qui ressort de cette Analyse faite par Yasmine Alloul, Ing., Directeur  Développement de Produits. GLP Hi-Tech, Division produits de puissance, Présidente de l’Association des jeunes professionnels Marocains (http://www.ajpm.cjb.net) .  

 

Combien connaissez-vous de jeunes professionnels qui sont aujourd’hui au début de la trentaine et qui pourront se vanter en 2025 d’avoir travaillé au même endroit pendant plus d’une dizaine d’années?

Dans mon cas, ça commence mal… j’en suis déjà rendu à mon troisième emploi « permanent » en 6 ans. Je sais également que c’est le cas de la majorité des jeunes professionnels qui m’entourent.

Comment dans ce cas, bâtir sa carrière tout en sachant qu’on ne restera pas chez un employeur sa vie durant ?

Non, les entreprises ne prennent plus en charge leurs collaborateurs toute leur vie durant. Leur vie à elles étant chargée d’incertitudes, elles ne peuvent plus garantir la sécurité de l’emploi. Un changement profond de mentalité doit s’opérer: la sécurité ne pouvant plus être trouvée à l’extérieur, elle doit se trouver à l’intérieur de nous-même. Pour cela, nous devons gérer nous-même notre parcours professionnel, choisir notre métier de base, puis les différents employeurs avec qui nous allons collaborer.

La fidélité ad vitam eternam n’est plus de mise ; elle a fait place à un partenariat. Vous resterez chez le même employeur tant que vos compétences y seront nécessaires, valorisées, tant que vous recevrez autant que vous donnerez. Pour ce faire, il faut notamment pratiquer l’introspection régulièrement, faire un bilan de compétences, comparer ce que nous vivons à ce que nous souhaitions autrefois ou désirons maintenant, ne pas se contenter de l’apparence d’une fonction, se poser la question-clé (et surtout y répondre honnêtement): Que perdrait l’entreprise si j’étais licencié ?...

J’ai donc fait quelques petites recherches sur le sujet et je vous fais part de mes conclusions.

Avoir un projet et le faire  savoir

Beaucoup de jeunes n’ont pas de projet professionnel. Ils ont choisi leurs études soit pour faire plaisir à leur entourage immédiat, soit par opportunisme («il semble que la branche Économie offre pas mal de débouchés»...), soit par réaction («n’importe quoi, sauf la profession de mon père»...), rarement sous l’emprise d’une décision claire et consciente.

Connaissant peu le milieu professionnel (malgré les stages, technique de connaissance et d’intégration du milieu professionnel qui se répand heureusement de plus en plus), les étudiants terminent consciencieusement leurs études, puis adressent leur CV aux grandes entreprises. «Puisque j’ai tel diplôme, le responsable des ressources humaines saura bien où me mettre...» est le raisonnement de ces naïfs... Bien au contraire, celui qui aura le plus de chance d’être convoqué, reçu et engagé est celui qui aura fait l’effort de situer ses compétences et ses champs d’intérêt par rapport aux besoins de l’entreprise et de l’annoncer dans le paragraphe d’accroche de son CV.

Développer son employabilité

Pour donner le meilleur de soi-même dans la pratique de n’importe quel sport, il faut être au sommet de sa forme physique... Ce qui est valable pour le sport l’est également pour la vie professionnelle. Pour pouvoir changer d’employeur relativement facilement, pour éviter l’accident de carrière, il faut développer son «employabilité» tout au long de sa vie professionnelle, c’est-à-dire être toujours au courant des dernières techniques de son métier, des tendances et des évolutions qui voient le jour. Il est interdit de s’endormir sur ses lauriers sous peine de réveil brutal... Miser sur la formation est une évidence. Mais ce passeport est très vite périmé si on n’y ajoute rien. Qui n’apprend plus recule !

Il faut donc se former continuellement. Même si notre employeur nous fait des propositions en ce sens, il nous appartient à nous de garder les rênes de notre devenir professionnel et de faire des choix. Dois-je me diriger vers le contrôle qualité ou l’assurance qualité, vers la vente grands comptes ou distributeurs ?… Anticiper le changement au lieu de l’attendre tranquillement est la stratégie gagnante... Comment faire ? Aller chercher de l’information sur les éventuels axes stratégiques futurs, sur les problèmes-clés rencontrés par l’entreprise ou le secteur, sur les solutions embryonnaires trouvées par nos concurrents... Il faut lire la presse spécialisée, les ouvrages de réflexion récemment parus. Il est également important de participer à des colloques, tables rondes, échanges d’idées. Nous pouvons aussi écrire des articles, des publications... Il faut travailler à sa propre «re-engineering».

Avoir de la personnalité

Dans la phase finale de sélection, entre deux candidats qui ont une formation et une expérience comparables, la différence se fait de plus en plus sur la personnalité...

Que faut-il comprendre par-là ? Que les entreprises ne veulent plus de cadres tristes, tièdes, falots, passe-partout. Qu’elles recherchent avant tout des gens qui ont des idées, qui s’affirment, qui prennent des initiatives. Elles n’attendront bien sûr pas la même chose du débutant que du cadre confirmé. Au premier, elles demanderont une vive curiosité d’esprit, une large culture générale, une bonne capacité d’apprentissage, une grande adaptabilité dont témoigneront ses stages en entreprise, ses engagements dans des associations diverses, ses séjours à l’étranger. Du second, elles exigeront l’engagement, l’implication personnelle, de l’imagination, une certaine originalité. Une société doit se démarquer absolument de ses concurrents; pour cela, elle requiert de ses cadres (et de plus en plus de tous ses employés) la faculté d’avoir quelque chose à dire, de le faire savoir et comprendre. Attention, il ne faut pas confondre originalité et excentricité. Savoir s’affirmer ne signifie pas écraser ou mépriser les autres, ni faire cavalier seul.

Miser sur la mobilité

La mobilité pour développer sa carrière est un aspect important. La majorité d’entre nous le savons étant donné que nous ou nos parents avons décidé de quitter notre pays d’origine justement pour améliorer notre carrière. Le concept de mobilité est, par contre, à prendre au sens large: sur le plan géographique bien sûr mais aussi sur le plan fonctionnel et sectoriel. Un débutant peut se permettre de chercher sa voie pendant les cinq premières années de son parcours professionnel.

Après, mieux vaut se donner le temps de faire ses preuves quelque part: un an pour obtenir des résultats, deux ans pour les valider, cinq ans pour faire le tour d’un poste et se préparer à changer d’entreprise ou à assumer une autre fonction. Si la taille de notre entreprise le permet, il faut essayer de passer d’un département à un autre, d’une fonction marketing à une fonction vente, d’une fonction de contrôleur de gestion à une direction financière pour intégrer ensuite une direction des ressources humaines.

La mobilité fonctionnelle est, elle aussi, un facteur d’enrichissement personnel. Dans une petite ou moyenne entreprise, la polyvalence est de toute façon mise en évidence et nous devons nous attendre à avoir un poste à plusieurs casquettes.

Avoir un réseau

L’homme est un "animal sociable" qui aime tisser des liens autour de lui.

L’aventure commence d’ailleurs très tôt... dès l’école enfantine. En effet, c’est là que se créent les premières relations. Puis l’adolescent, et l’adulte continuent à établir des relations de camaraderie, d’amitié, personnelles, professionnelles. Ce réseau sert bien sûr à partager de bons moments...  Mais il est aussi exploitable dans le cadre de la recherche d’emploi. Il ne faut pas le confondre avec le «piston», pratique peu répandue ici au Canada, douteuse et parfois dangereuse.

Le réseau nous permet d’aller à la pêche aux informations, aux conseils, aux suggestions. Feedback sur sois-même mais aussi outil de connaissance d’un secteur d’activité, d’un marché, d’une société, il nous aide à établir notre cible, à la valider, à la pénétrer. Composé d’abord de notre famille, puis de nos amis, ensuite de nos collègues ou connaissances, il nous mènera à des gens qui travaillent dans la société que nous visons puis à des décideurs…

Comment le créer ? Tout simplement en étant un citoyen actif dans le monde, en prenant part à des activités associatives (comme l’association des jeunes professionnels marocains… ben oui, faut bien que je « plogue »!), sportives, culturelles, politiques, ... Ne restez pas cachés, montrez-vous, participez à des activités où vous pourrez vous faire connaître, n’aillez pas peur de développer de nouvelles relations, de connaître des gens non seulement des autres communautés mais de la votre également. Vous ne pourrez en retirer que des bénéfices à long terme.

Sur ce, je vous souhaite un bon réseautage et un bon développement de carrière.


 

 

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