Numéro 6   Volume 3 (3ième année)  Juin 2005 Page 11

Archives

 

 

MA MAROCANITÉ EN VRAC 

Par Majid Blal majidblal@hotmail.com 

Je voudrais aborder le sujet de la « Marocanité » sans effusion de points cardinaux. Sans perdre le nord ni se couper sud. En y mettant la forme et ses contours. En épluchant l’essence et ses questions de fond.

Être marocain est un amalgame du temporel, du ponctuel, du tangible, du mystique, du structurel et du conjoncturel, du compréhensible et de l’insondable. Tout sauf de l’absurde.

Hier et aujourd’hui. Authentique et contemporain.

Être marocain par le début comme le verbe à la genèse.

Être Marocain comme on respire. Par le souffle la vie.

Par la naissance qui octroie la nationalité. Par le vécu qui développe le sentiment d’appartenance.

Par l’amour qui crée l’émotion et allume la flamme de la tendresse dans le regard. Par le droit qui signe les papiers de la reconnaissance.

Par la culture qui modèle l’identité et la définition de soi. Par des symboles qu’on réapprend à apprivoiser pour les intégrer à une identification visible du moi.

 Par le drapeau qu’on se réapproprie enfin, qu’on n’associe désormais à personne mais à toute une nation. Par l’acceptation de la diversité des habitants et des accents régionaux. Par les deux langues et leur métissage.

Par l’obligation du devoir et l’exigence des droits.

 Par l’adjectif possessif source de patriotisme. Par la subtilité du langage et de ses clins d’œil. Par le métaphysique qui invente les croyances.

Par la mythologie qui a couché l’Atlas sur un flan pour soutenir la voûte céleste. Par les mythes qui créent l’invisible commun.

Par la fierté qui fait des héros et motive les bâtisseurs. Par les exploits du passé et des blessures récentes. Par les cicatrices des années lourdes de conséquences. Par la force de guérir. De s’administrer des potions si amères comme antidotes au plomb.

Marocain par le fil de l’histoire vecteur de l’esprit des ancêtres.

Par le respect d’un peuple humble qui refuse la condescendance.

Par la susceptibilité qui donne l’impression d’être rejeté par nos enfants quand, par hasard, ils n’aiment pas le couscous.

Par la beauté des filles et la douceur des peaux satinées. Par la phrase qui sait plaire. L’œil qui sait draguer le charme.

Par la sensibilité du chant et la profondeur des complaintes.

Par la tardive autocritique et la présente remise en question de soi dont on entame l’abécédaire.

Par la volonté de demeurer fils ou fille du Pays du Couchant.  

Par le loyalisme à cette terre qui a la peau tannée par tant de vécu plus que par le soleil.

 La marocanité est l’acceptation de soi parce qu’on ne peut être autrement. Parce qu’on ne choisit pas son ADN. Qu’on ne peut se fuir indéfiniment.

C’est une réconciliation avec soi et avec les siens parce qu’on ne choisit pas sa famille.

Par la liberté d’être autre chose sans se renier.

Par la capacité d’intégrer autre chose sans se dénaturer. Sans altérer sa couleur. Sans lobotomiser ses origines.

Par les cauchemars qui s’installent quand le mal du pays devient aigu. 

Par la multitude de civilisations qui ont sillonné la mémoire du détroit de Gibraltar pour façonner l’architecture de l’habitant.

Par le caractère unique de la civilisation de la Numidie Tinjitane.

Par l’ouverture d’esprit qui était coutume et qu’on a laissé quelque part parce que trop occupé à palabrer sur la vérité absolue.

Être marocain n’est pas un article qu’on marchande. Plutôt un poème désintéressé qu’on clame.

Être marocain n’est pas l’apanage d’une secte ni le prestige d’un club. Au delà de la nationalité, l’altérité. 

Être marocain…

Par la définition qui exècre la main basse sur l’identité. Définition qui exècre la main mise sur l’appartenance et le monopole sur les références.

Être marocain par le refus d’être de seconde catégorie. Par la contestation de l’hypocrisie des marchands du temple  

Être marocain c’est permettre à l’autre génération de corriger les tares de la précédente pour soigner leurs âmes.

Être marocain par le geste quotidien, en ligne droite, se perd dans l’infini.

   Par les liens apparents du conscient comme ceux nichés dans le subconscient. Lien par le sang. Étreinte par la larme et abnégation par la sueur.

Tant de liquides qui irriguent le besoin des siens de cette terre qui est à moi. Aussi.

RETOUR PAGE D'ACCUEIL

MERCI A NOS COMMANDITAIRES  

ROYAL AIR MAROC

CARLSON WAGONLIT:EL HACHMI OUMZIL 

REMBOURRAGE D'ÉLÉGANCE

NORDEST VOLKSWAGEM