Numéro 6   Volume 3 (3ième année)  Juin 2005 Page 6

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Immigré citron ou immigré vache à lait?

Par Dr. Hamid Lechhab, Autriche,   hamid@mail.austria.com 

Bons pour renflouer les caisses de l’état en devises, les immigrés marocains ne seraient pas considérés comme des citoyens à part entière puisqu’ils sont privés de leur droit d’être électeur et éligible tant qu’ils élisent domicile à l’étranger.

Dans l´un de mes articles précédents, j´ai traité le sujet de la participation de l´immigré dans la vie politique de son pays d´accueil et j´ai mis le point sur l´importance de cette participation.

J´aborde dans cet article le fondement de la participation de l´immigré dans les décisions qui se prennent dans son pays d´origine.

Les immigrés dans les pays industrialisés viennent en majorité des pays où la tradition démocratique n´est pas encore suffisamment ancrée .

Parmi les fondements de la démocratie à l´occidentale on trouve le droit et parfois le devoir de choisir soit même de bon gré et volontairement la personne qui pourrait représenter les intérêts d´une partie de la population ou de la totalité de cette dernière. C´est ce que l´on appelle communément les élections.

Le jeu démocratique impose aussi la représentation des intérêts d´un plus grand nombre des minorités au sein du grand échiquier politique d´un pays donné. La majorité n´est majoritaire que par rapport aux autres minorités et la majorité ne peux jamais prendre uniquement en considération ses intérêts , sinon on vivra la dictature des majorités.

Si l´on prend le cas du Maroc comme exemple des pays «exportateurs» de la main d´œuvre et comme pays qui s´efforce depuis une décennie d’appliquer des règles démocratiques dans sa pratique politique, force est de constater que le dossier de l´immigration est parmi les dossiers qui se traitent à la marge des grandes préoccupations politiques du pays.

Je peux me hasarder et avancer une thèse discutable: l´immigration est l´enfant bâtard de la politique marocaine: tout le monde en profite, mais personne ne veut l´adopter ou régler ses problèmes.

Pour les cinq millions des marocaines et marocains qui vivent à l´étranger et en particulier pour ceux qui sont restés marocains –presque la moitié des immigrés marocains sont naturalisés- il n´y a aucune représentation politique au pays d’origine. Il n´ont même pas la possibilité de participer aux élections de leurs quartiers ou de leurs communes, même si pendant les élections ils se retrouvent au pays et même s´ils sont déclarés résidents de ce quartier et y possèdent peut être une maison ou un appartement.

Ils sont purement et simplement écartés avec un grand sourire, sans aucune raison valable. Politiquement parlant, ils sont considérés des étrangers aux décisions qui se prennent en leur nom et s´appliquent en partie avec leur argent, vu qu´ils sont des contribuables comme les autres.

Au niveau de la représentation proprement dite, c´est-à-dire par des gens de leurs rangs, le Maroc est revenu sur une décision importante qu´il avait pris jadis et a supprimé sans raison rationnelle la représentation parlementaire des immigrés. C´est ce que l´on peut qualifier d´un pas en avant (ministre déléguée des immigrés) et deux pas en arrière.

Si on limite nos propos à ces deux exemples et pour ne pas entrer dans le monde des spéculations politiques, nous devons nous poser sincèrement cette question: qui est directement responsable de cette situation? Nous savons d´emblée que l´immigré est considéré en général dans le pays d´accueil comme le citron, comme dit le chanteur Renaud, et il est vu dans les yeux du pays d´origine comme une vache à lait.

Entre ces deux métaphores, l´immigré s´assoie tranquillement, grignote son amertume et se lamente à jamais sur son sort.

L´immigration n´est ni une catégorie à part ni une classe sociale isolée. L´immigration est composée des âmes et des corps des femmes et des hommes qui devraient en théorie avoir les mêmes droits et les mêmes devoirs et dans leurs pays d´origines et dans leurs pays de résidence. Ce droit n´est nullement accordé «gratuitement» et pour l´amour du ciel, mais l´immigré doit le demander et doit être lui-même intéressé à l´avoir.

Se lamenter est facile et si cette lamentation n´est pas chargée par l´énergie suffisante pour changer l´objet de cette lamentation, elle restera ainsi et tous les murs du monde deviendront des murs de lamentation pour tous les immigrés du monde. .  


Cette proportionnelle qui fait si peur au pouvoir !

Par Sylvio Le Blanc, Montréal

Aux élections provinciales tenues en Colombie-Britannique, le 17 mai, auxquelles était assorti un référendum sur la réforme électorale, 57,4 % des électeurs ont donné la voie à suivre aux autres Canadiens en se prononçant en faveur d’un système de représentation proportionnelle (à vote unique transférable).

Mais parce que le niveau d’approbation avait été fixé à 60 % par le gouvernement, le NON l’a emporté.

Pourquoi un seuil aussi élevé? On peut lire dans un document préparé par le gouvernement : «Avant la constitution de l'Assemblée des citoyens et citoyennes, le gouvernement avait décidé qu’un changement aussi fondamental du système électoral devrait nécessiter un haut niveau d’approbation. Ce niveau est nettement supérieur à la majorité simple et implique l’approbation de la population dans diverses régions de la province.»[1]

 Partout dans le monde, pourtant, c’est généralement la règle du 50 % qui prévaut. Terre-Neuve est entrée dans la Confédération avec un peu plus que 50 % des voix requises (et s’y est prise à deux fois pour y parvenir). Il n’y a pourtant pas de décision plus fondamentale pour les citoyens d’un pays que d’en changer. Le 29 mai prochain, la France rejettera ou acceptera la nouvelle Constitution européenne avec 50 % des voix exprimées, plus une. Il n’y a pourtant pas de texte plus fondamental qu’une constitution pour les citoyens d’un pays. Alors, pourquoi la barre à 60 % pour changer de mode de scrutin (surtout quand celui soumis pour approbation a déjà été adopté et expérimenté ailleurs, et qu’il n’a pas provoqué de révolution)?

Les résultats du référendum en C.-B. ont dû grandement satisfaire les libéraux et les néo-démocrates restés seuls au pouvoir, qu’ils ne veulent manifestement pas partager, malgré les paroles. Satisfaits de constater que le système uninominal majoritaire à un tour (en vigueur partout au Canada) aura laissé les Verts sur le carreau, eux qui ont pourtant obtenu plus de 12 % des suffrages. Imaginez un peu : 12 % des électeurs de la troisième province en importance au Canada ont choisi les Verts mais pas un seul député ne les représentera à l'Assemblée législative.

En outre, voilà une initiative qui donne des munitions à tous les Stéphane Dion de ce pays qui rêvent en secret de voir un semblable seuil s’appliquer lors du prochain référendum sur la souveraineté au Québec (assorti, comme il se doit, d’une question claire comme de l’eau de roche). Car, avec un seuil fixé à 60 %, jamais nous ne parviendrions à quitter ce pays pour en fonder un nouveau.

 

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